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Ile Maurice – Traditions orales – Contes et devinettes

Il y a des années de cela, à l’époque coloniale, le travail terminé, les esclaves et les travailleurs engagés se rassemblaient le soir venu. Les contes et devinettes faisaient alors partie des divertissements nocturnes car il n’ y avait ni radio, ni télé. Après le souper, les gens s’asseyaient devant leurs maisons, autour d’un vieux Tonton (oncle) qui se mettait à conter des histoires. Ce dernier racontait généralement des contes du passé qu’il avait héritées de ses ancêtres ou des histoires de sa propre imagination, qu’il répétait inlassablement à chaque fois. Ces contes étaient un mélange d’histoires vraies, de mythes, de pratiques et de croyances des générations passées. Deux célèbres conteurs mauriciens Nelzir Ventre et Fanfan, tous deux également chanteurs et auteurs-compositeurs maîtrisaient cet art à la perfection.

Lorsque le narrateur n’avait plus d’histoires à raconter ou s’il était tout simplement fatigué, il criait soudain: « Sirandan! (Sirandanes!) auxquel l’assemblée répondait: « Sampek! ». C’était le début d’un jeu avec une série de devinettes en créole mauricien que les participants devaient deviner. La « Sirandan » créole n’était alors pratiquée qu’à Maurice et dans certaines îles voisines, comme la Réunion, Seychelles et Rodrigues.

Dilo anpandan? (De l’ eau suspendue?) et la réponse est noix de coco

Zet moi dan dilo ek mo remonte? (Immerge moi dans l’ eau et je réapparais à la surface): Réponse: l’ huile

Et l’ on pourrait continuer ainsi, encore et encore pour le plus grand plaisir des aînés et des plus jeunes. Ces devinettes ont certaienement aidé nos ancêtres à échapper à la dureté et à la monotonie de leur quotidien en leur permettant de rêver. La plupart de ces devinettes étaient pleines d’ imagination, poétiques ou amusantes, une véritable illustration de la grande admiration de nos ancêtres pour Dame Nature, elles représentaient tout ce qui faisait partie de leur vie et de leur environnement quotidiens.

Avec le temps et l’avènement du mode de vie moderne (radio, télé et loisirs de toutes sortes), les rassemblements autour des sirandanes ont disparu mais sont restées populaires pendant les périodes cycloniques, où il y avait de fréquentes coupures d’électricité qui pouvaient durer des jours entiers. A ce jour, nos « Sirandan » font partie de notre patrimoine culturel mauricien et ne sont pas entièrement oubliées grâce à certains poètes locaux et ONGs qui font de leur mieux pour transmettre cet héritage ancestral à la jeune génération.

Sous l’apparence d’un jeu ludique, la sirandane est une lointaine tradition orale qui dépeint la sagesse de nos ancêtres, que nous devons absolument perpétuer à travers le temps.

NadElle

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