Ile Maurice : Le pique-nique du lundi de Pâques à la mauricienne
En ce lundi de Pâques, l’excitation est à son comble et l’on a du mal à contenir l’agitation des enfants qui ne tiennent plus en place. La raison est simple : aujourd’hui a lieu la traditionnelle sortie de l’année : Un pique-nique familial pour célébrer Pâques. Cette sortie fait partie d’une des traditions de l’île et ravit généralement petits et grands. La fête de Pâques aura été une occasion pour tous les chrétiens d’assister au Triduum Pascal, qui se conclut par la belle messe du dimanche de Pâques. Toute le famille se réunira ensuite autour du repas de Pâques tant attendu « pou kas karem » (rompre le jeûne) comme il se doit. En effet, il est de coutume chez bon nombre de Mauriciens d’éviter l’alcool et la viande pendant la période du carême chrétien.
Un véhicule pouvant accommoder tous les membres de la famille élargie est loué pour l’occasion. L’on décide de partir tôt afin d’arriver bien avant l’heure du déjeuner sur une des plages de l’île pour y passer la journée. Tous embarquent avec armes et bagages ! Les petits n’ont pas oublié les accessoires de plage, tandis que les seniors ne partiront pas sans leurs fauteuils de plage et leurs chapeaux, éléments indispensables pour une journée réussie. Bien entendu, une véritable panoplie de mets succulents est embarquée : biryani ou riz frit, gratin de pomme de terre, des “gajacks” (hors d’œuvres) en tout genre, gâteaux et sucreries et, bien sûr, tout ce qui servira à étancher la soif de tout un chacun, pendant cette fameuse journée de farniente.
Le véhicule démarrera sûrement avec un peu de retard car le rassemblement de tous les membres de la famille n’est pas chose aisée. On a du mal à s’entendre car les jeunes à l’arrière du véhicule ont déjà commencé à chanter accompagnés de djembé, guitare, ravanne et autres instruments de musique ! Le trajet se passe dans un joyeux vacarme entre blagues des ainés, chants à l’unisson, et même de joyeux déhanchements au son du séga mauricien. Le chauffeur arrive tant bien que mal à rester concentré sur la route.
Arrivés à destination, il faut d’abord trouver le spot qui convient et, le débarquement se fait non sans peine, car les jeunes et les moins jeunes n’auront qu’une idée en tête : la ruée pour le grand plongeon dans le lagon. Ils ont du mal à patienter le temps de tout installer. On prend soin de choisir un coin ombragé, à l’abri du soleil brûlant. Une fois tout en place, la jeune tribu disparaît aussitôt, happée par l’appel irrésistible des eaux turquoise. Quant aux aînés, c’est sans surprise l’heure de l’apéritif, et l’on entend un oncle scander : « Y’a pas d’heure pour les braves ! »
La journée s’écoule joyeusement et tous profitent des joies de ces moments conviviales en famille. Entre baignades, parties de foot, repas partagés, la bonne humeur et les éclats de rires, la fin de ces festivités pointe le bout de son nez au coucher du soleil. Un dernier bain, un dernier verre, le réveil d’un ainé qui dort à poings fermés sous un arbre et, il est temps pour tous de tout ranger afin d’entamer le chemin du retour dès l’arrivée du véhicule. Dans ce joyeux tohu-bohu, il n’est pas rare de perdre de vue un petit, parti en douce se rafraîchir au bord de l’eau. S’ensuit un moment de panique, des cris, des appels… jusqu’à ce que le petit chenapan soit retrouvé et sommé de monter immédiatement à bord du véhicule ! Même si l’ambiance au retour ne sera pas moins festive, il planera tout de même dans l’air une mélancolie palpable à l’idée qu’il faudra demain reprendre le chemin de l’école ou du bureau. Le prochain pique-nique risque malheureusement de se faire attendre…
NadElle