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Jeux d’Antan

Quand la technologie menace notre Patrimoine.

C’est un reproche que l’on fait souvent aux adultes, cette insociabilité grandissante, ce repli sur soi qui va en s’amplifiant. Moins de conversation à table, interaction réduite en société, échange limité au strict minimum. La technologie a fait son œuvre, les yeux sont aujourd’hui rivés sur les tablettes et les smartphones dernier cri. Le virtuel règne désormais en maître absolu. Ou presque. Il lui reste à conquérir nos enfants, ceux-là qu’on ‘babysit’ commodément avec les écrans tactiles.Nos grands-parents eux, privés de ces outils ‘modernes’, avaient eu le bonheur d’hériter du patrimoine légué par leurs parents et trompaient le temps avec des jeux qui, avant tout, visaient à rassembler pour ensuite réconcilier amusement et camaraderie. Un bref survol de quelques-uns de ces divertissements:

SAPSIWAY:

Les enfants se tiennent en cercle et font jongler avec le pied une petite boule faite de chambres à air ou, le plus souvent car plus facilement disponibles, d’élastiques. Celui qui laisse tomber la boule est éliminé. Le jeu continue jusqu’à ce qu’il ne reste qu’un joueur qui est alors déclaré vainqueur. Ce jeu peut durer longtemps étant donnée la dextérité des uns et des autres avec la boule. Certains croient pouvoir y déceler de grands footballeurs en herbe.

Sapsiway

TINA

Il s’agit ici de ramasser des cailloux posés à même le sol après en avoir lancé un en l’air et récupérer le tout dans la paume d’une main. Celui qui en ramasse le plus sans en laisser tomber aucun gagne la partie. Ce jeu était quelquefois pratiqué durant les veillées mortuaires, d’où sa réputation de porter malheur. Ah superstition, quand tu nous tiens!

La MARELLE

Une marelle est dessinée sur le sol et consiste en neuf cases, chacune représentant une maison qu’il s’agit de s’approprier. Le joueur lance un palet dans la première case, s’élance ensuite à cloche-pied dans les autres cases (2 jusqu’au 9) et puis revient ramasser le palet, en prenant soin de ne pas toucher les lignes tracées au sol (ce qui impliquerait l’élimination immédiate). S’il y parvient, il recommence l’opération en envoyant le palet dans la seconde case et ainsi de suite. S’il n’y arrive pas, l’autre joueur prend la relève tout en étant obligé de ne pas empiéter sur les maisons déjà conquises par le premier joueur. Vous pouvez imaginer la difficulté qu’éprouverait le second joueur si les 4 ou 5 premières maisons sont déjà prises. C’est un exercice d’équilibriste qui requiert aussi un effort physique dans un cadre ludique.

La MOK DELIVRE

C’est un jeu de cache-cache avec une astuce additionnelle, notamment une ‘mok’, une vielle boîte en métal que l’on remplit de petites pierres et qui, secouée, fait évidemment beaucoup de bruit. Cette ‘mok’ est envoyée avec force le plus loin possible. Un joueur la récupère, la met à l’abri des regards tandis que ses amis en profitent pour se cacher. Le joueur cherche alors ces derniers et s’il en découvre un, il doit se précipiter vers la boîte en métal, la saisir et la secouer énergiquement en nommant celui qu’il aura démasqué. Si aucun autre joueur n’a entretemps découvert la boîte, il peut crier victoire ayant été ‘délivré’ de son statut de ‘chasseur’. C’est un jeu où les enfants sont particulièrement bruyants, ce qui n’était pas pour déplaire aux parents qui, même au loin, savaient que les enfants s’amusaient à distance raisonnable.

Tous ces jeux ne coutaient rien: quelques petits cailloux qui faisaient office de route à l’époque et dont on se servait gratuitement, ces élastiques qui servaient à consolider les emballages pour le poisson salé acheté à la boutique du coin, une minable boîte de conserve sauvée de la poubelle. Tout cela semble folklorique et ferait sourire le propriétaire du smartphone 4G. Il n’y verra hélas pas le partage et la communion qui caractérisent ces jeux. Le danger de la disparition de ce riche patrimoine guette.

Nix B

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