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A travers les yeux de JP : La pêche : un péché mignon !

Je devais avoir à peine 6 ans quand je fus pris dans les mailles du filet !  Je passais alors toutes mes vacances scolaires en famille dans le village côtier de Trou aux Biches.  Me réveiller tous les matins, les pieds dans l’eau m’attira forcément vers le grand large.  Le village se réveillait au rythme des pêcheurs qui se préparaient à prendre la mer. L’atmosphère qui régnait dès 05h00 du matin est restée à jamais gravée dans ma mémoire d’enfant.  Le bruit des galles sur les rochers, les pirogues multicolores qui fendaient doucement l’eau, les pêcheurs qui s’interpellaient avant d’aller au loin, jeter leurs filets.

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Je fus vite fasciné par les pêcheurs du coin, qui, certaines fois, munis de “fouines” – longue tigues en acier au bout crochu, allaient “piquer les zourites” (à la pêche aux pieuvres).  J’ eus vite fait de sympathiser avec eux et commençais à les accompagner.  Ils m’apprirent quelques rudiments de la pêche, comme comment mettre les appâts dans les casiers, aller chercher les crustacés sur les rochers.  Ce fut donc avec beaucoup de joie que je me retrouvais parmi eux à chaque fois et je devins vite connu dans le village: j’étais le petit qui s’ intéressait à leur métier!

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Plus grand, j’embarquais pour la pêche de nuit, toute une expédition pour l’adolescent que j’étais!  En pirogue à voile, sans moteur, sous les étoiles, nous partions à la pêche aux flambeaux, ayant pour proies les calamars. Cette technique de pêche artisanale consistait à attirer le poisson par la lumière. Ces pêcheurs faisaient ce métier de père en fils et ce qu’ ils savaient, ils le tenaient de leur père, qui, eux mêmes avaient tout appris sur le tas de leur propre père.  Leur connaissance de la mer se perpétuait ainsi.

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A mon tour, j’appris d’eux les différentes techniques de pêche, à comprendre les mouvements des marées, à surveiller la pleine lune, les saisons pour attraper tel type de poissons, les endroits spécifiques : pas très loin des récifs, à la fin de l’été et dans l’après-midi, pour trouver par exemple, des thons blancs.  Connaître le relief de l’ île sous la mer, la distance des côtes, calculer la profondeur de l’eau et sa température, tout ceci n’eurent aucun secret pour moi !  Ce passe-temps devint vite une passion qui m’ apprit surtout la patience !  En attendant que ça morde, il fallait des fois, attendre des heures pendant lesquelles, j’écoutais les histoires des pêcheurs. Certains récits me donnaient la chair de poule lorsqu’il s’agissait de navire fantôme, alors que d’autres prêtaient à sourire quand ils évoquaient toutes les superstitions d’antan et m’assuraient qu’aucun pêcheur ne devait, en aucun cas, prendre la mer le 02 novembre, le jour de la fête des morts !

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Le paisible village s’égayait au retour des pêcheurs en début d’après-midi.  Certains villageois, quelques touristes ainsi que les mareyeurs venaient à leur rencontre pour acheter les belles prises du jour : carangues, sacréchiens, vieilles, daurades …. Quant à moi, je rentrais fièrement à la maison d’été, remettre mon butin en cuisine.

Arrivé à l’âge adulte, je me retrouvais tout naturellement, entouré d’amis qui partageaient la même passion et cette fois, je commençais à pêcher en dehors du lagon, avec plus de confort, sur des bateaux de pêche à moteur.  Nous embarquions au lever du jour pour la journée entière.  Pour moi, le plaisir de se retrouver au milieu de nulle part, entre ciel et mer, est une sensation qui n’a pas son pareil !  Nous suivions les bancs d’ oiseaux pour une pêche à la traîne.  C’était toujours un plaisir de se retrouver entre amis sur le bateau, et l’attente menait sans nul doute à un échange sympathique entre copains, ce qui permettait de ne pas trouver le temps long.  Souvent exposés aux éléments de la nature : pluie, houles, vents du large, soleil ardent, nous apprenions à nous adapter aux différentes situations.

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Certes, comme bien d’autres, je caressais l’envie de pêcher le plus gros poisson et ce challenge ajoutait dorénavant de l’adrénaline à mes sorties en mer.  Lorsque le poisson mordait enfin, cela devenait du sport, un duel entre le poisson et moi.  Il fallait mettre en exergue toutes les techniques apprises pour combattre mon adversaire du jour !  Cela pouvait durer un long moment et le défi était de ne pas se laisser faire, de rester concentré dans l’ adversité.  A force de patience et de persévérance, lorsque   l’on vient à bout d’ une bataille menée à bout de bras et que l’on remonte fièrement sa prise, c’est un moment de gloire mémorable.  Ramener le plus gros poisson lors d’une compétition de pêche au gros, restera pour moi, l’un des plus beaux moments de ma vie !

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Il m’arrive encore d’aller revoir mes amis pêcheurs de Trou aux Biches et d’effectuer avec eux, des sorties en mer.  Ce sont des moments de plaisirs renouvelés que d’être avec eux, loin de la foule et des tracas du quotidien.

Pêcher : un passe-temps sain, une communion avec la nature. Un régal pour les sens. Un plaisir où le respect de la nature est primordial car selon les dires des pêcheurs : il faut respecter la mer pour que cette dernière vous respecte.

Le soleil levant, l’océan, un bateau, une canne à pêche, et, voilà ce qui constituent mon bonheur… un bonheur simple et revigorant !

NadElle

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