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14 juillet … Du tricolore au quadricolore ! Si loin, et pourtant si près …

‘’Allons enfants de la Patrie …iie’’ !! Je n’ai pas connu le temps béni des colonies car à l’heure où l’Ile Maurice était française, je n’étais pas née !

Même si plus de trois décennies se sont écoulées depuis notre dépendance française, nous avons gardé quelques vestiges du passé.  Pour les décrire tous ici, l’encre me manquerait …

Le premier qui me vient à l’esprit est gastronomique ! Mémoire des sens, me direz-vous ? Eh bien oui… J’adore tout ce qui fait référence au niveau gustatif à ce qui est typique et recherché.

Nos biscuits manioc, que nous dégustons toujours, nous les devons à Mahé de Labourdonnais, gouverneur français qui introduisit le Cassava (racine de manioc) à l’époque pour nourrir les esclaves et dont la statue jette un œil bienveillant sur notre capitale, Port-Louis. La Biscuiterie Rault, chargée d’histoire et se trouvant à Mahébourg, fonctionne encore et reste un incontournable. Les biscuits sont dégustés avec une bonne tasse de thé, se conjugent aux parfums exotiques de notre belle île : noix de coco, vanille … entre autres.

Lors de mes ballades en solitaire à Port-Louis, dont les rues pavées et les bâtiments en pierre basaltique me rappellent bien l’occupation française, mes pensées vagabondent et j’essaie d’imaginer ceux qui y passaient leur hiver dans le temps, fuyant ainsi le climat moins clément de Curepipe, “la ville des hauts” (là où ils vivaient pendant les périodes estivales).

Au détour des villages, je retrouve encore des noms évocateurs bien français : Nouvelle France, Terre Rouge, Providence, L’Aventure et certains noms d’illustres personnages dont Souillac, nommé après le Vicomte Francois de Souillac qui décida de créer un port dans le sud de l’île en 1787, village resté d’ailleurs jumelé à ce jour à la ville de Souillac en Dordogne.

Flâner le long des allées de notre magnifique Jardin des Pamplemousses reste une de mes sorties favorites et là encore, c’est Pierre Poivre, missionnaire et botaniste français qui y a laissé ses traces en y introduisant des espèces végétales nouvelles, le muscadier entre autres.

Un petit pique-nique dans l’herbe au soleil, et me voilà projetée au temps où les calèches et leurs vaillants cochers attendaient les visiteurs du jardin.

Après quoi je m’empresse d’aller retrouver à Pamplemousses, l’une des plus vieilles églises de l’île, Saint Francois d’Assise (Saint patron des écologistes), Paul et Virginie, les héros du roman de l’auteur français Bernardin de St Pierre. Il n’est pas rare de m’y retrouver quelques heures plus tard, somnolant à l’ombre des bambous tant l’endroit est calme et apaisant.

Bien que nous soyons devenus indépendants en 1968 suite à l’occupation anglaise, et que la langue officielle soit l’anglais depuis 1832, le français reste quand même la langue la plus courante. Notre créole mauricien bien fleuri et imagé laisse bien entrevoir nos influences françaises : “Bonzour mamzelle !” crie-t-on pour dire ‘bonjour’ à une jolie demoiselle, par exemple. Plusieurs mots de la langue française qui ne sont plus tant utilisés de nos jours, font toujours partie ici de notre langage parlé.

Nous disons encore :

Une plume quand on veut parler d’un stylo !

Une chopine* de boisson gazeuse – ancienne mesure de capacité pour 0.5lt

Une topette* de rhum – ancien mot picard voulant dire une petite fiole.

Nous retrouvons aussi dans notre créole mauricien, beaucoup de termes qui nous viennent des marins bretons, qui dans le temps, avaient fait la traversée pour venir coloniser l’île :

“Hé matelot “ pour interpeller familièrement quelqu’un.

“Largue moi voulant dire :  ‘Lâche moi’

Ammare * sa la corde la ! “ – “Attache la corde” –  du verbe amarrer.

‘ Maille – moi* – Viens me rattraper (être pris dans les mailles du filet)

Il est surprenant de noter également qu’après toutes ces décennies, nous sommes toujours régis par le Code Napoléon.

Si nous jouissons aujourd’hui d’une grande liberté religieuse dans l’île, nous pouvons remercier un autre français, le Général Charles Decaen qui permit aux esclaves en fuite, de vivre libres, tout en respectant leur choix d’embrasser d’autres religions que le Christianisme.

Bien que le tricolore ait laissé sa place au drapeau anglais puis au quadricolore mauricien, dont nous en sommes tours fiers, notre île portera toujours dans son coeur cette influence française.

Cette langue de Molière, je la ‘kiffe’ !  En bien oui … Je l’aime et j’aime ses intonations, ses conjugaisons et ses déclinaisons qui pourraient tout aussi bien se marier avec le mot chansons surtout.

Même le ‘Glory to Thee’, l’hymne national mauricien, je le chante souvent en français, car il existe en version française.

Oui je te rends gloire, île Maurice, O ma Mère Patrie…. Fraîche est ta beauté, doux est ton parfum…

Du tricolore au quadricolore …  Des océans, il est vrai nous séparent, pourtant j’ai envie de dire « Si loin, et pourtant si près’ en ce 14 juillet.

NadElle

Coco quand je te tiens, je ne te lâche plus...
L’ île Maurice : La passion du Champ de Mars.